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Pandémie Mobilisation générale face à la menace de la grippe aviaire

La menace d'une pandémie de grippe humaine d'origine aviaire est désormais prise au sérieux et, à la suite des appels répétés de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les gouvernements sonnent dans l'urgence la mobilisation générale face au risque d'épidémie venu d'Asie.

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Des évaluations très prudentes prédisent sept à dix millions de morts, "mais le maximum pourrait atteindre cinquante millions ou même, dans le pire des scénarios, cent millions", avertissait, dès novembre 2004, le directeur régional de l'OMS Pacifique occidental, Shigeru Omi. Washington intensifie les efforts et le président Georges Bush a lancé un appel pour une mobilisation internationale contre "ce virus (qui) pourrait être responsable de la première pandémie du 21e siècle".

La menace a relancé l'intérêt pour les antiviraux anti-grippe (en curatif ou en prophylaxie) et les commandes, en particulier des Etats, vont bon train, tout particulièrement pour le médicament Tamiflu du groupe suisse Roche. De même, le secteur jusqu'à récemment quelque peu négligé des vaccins (2% du marché mondial de la pharmacie) se retrouve dynamisé. Les seuls Etats-Unis ont commandé mi-septembre 100 millions de dollars d'un vaccin contre l'actuel virus de la grippe aviaire H5N1, préparé par le Français Sanofi-Pasteur. Les recherches en la matière sont compliquées par le fait que nul ne sait sous quelle forme exacte se présentera un éventuel virus originaire de la grippe aviaire, qui aurait évolué et serait devenu transmissible d'homme à homme.

Les Américains prévoient également de stocker 20 millions de doses de Tamiflu, et une commande américaine record de plus d'un milliard de dollars (820 millions d'euros) serait en discussion, selon le Financial Times. Roche fait état de commandes de 30 pays (France : 13 millions de doses, Grande-Bretagne : 14,6 millions) auquel s'ajoute un accord avec l'OMS (30 millions de doses, pour traiter 3 millions de personnes). Le virus H5N1, qui a entraîné en Asie la mort de millions de volatiles et d'au moins 63 êtres humains depuis fin 2003, est considéré comme le "meilleur candidat" pour devenir un virus pandémique s'il s'adapte à l'homme. Pour les experts, le risque se situe pour l'instant en Asie où le virus circule en quantité considérable parmi volailles et oiseaux, même s'il n'est apparemment pas encore humanisé au point de devenir facilement transmissible d'un humain à l'autre.

L'ampleur de la propagation géographique du virus, qui affecte 12 pays (dont désormais la Russie et le Kazakhstan) est "sans précédent", a rappelé Hitoshi Oshitani, conseiller de l'OMS pour les maladies transmissibles. Face au danger, les pays pauvres d'Asie, où le risque d'un démarrage d'une pandémie est le plus probable, ainsi que les îles isolées du Pacifique sud ont lancé mardi un appel au secours. Si les pays riches sont mieux préparés, c'est dans les pays pauvres que le H5N1 s'installe et fait des victimes, constate l'OMS. Seule une quarantaine de pays ont un plan d'action anti-grippe aviaire, "plus ou moins complet", s'inquiète cet organisme de l'ONU. Le réseau de surveillance mondiale présente aussi ses "maillons faibles", les Etats membres de l'OMS n'ayant pas tous les mêmes capacités ni la même volonté de transparence.

Quand un virus humanisé d'origine aviaire surgira, le délai pour le circonscrire sera "très court, de deux à quatre semaines", a prévenu l'expert de l'OMS Hitoshi Oshitani. Un délai difficile à tenir, admet-t-il. Or, dans certains des pays asiatiques, la détection et le signalement des cas de grippe aviaire peuvent prendre "des semaines, voire des mois", a souligné cet expert. Le niveau de vie et les systèmes sanitaires y rendent souvent hypothétique un contrôle de l'épidémie animale. La dernière alerte est venue de l'Indonésie, qui vient de confirmer sa quatrième mort humaine. La ministre de la Santé a estimé mercredi que son pays était désormais confronté à une "épidémie" après le décès d'une fillette suspectée d'avoir été infectée par le virus, alors qu'une dizaine de patients, également suspectés d'être atteints, étaient hospitalisés.

En cas de pandémie humaine, les antiviraux pourraient s'avérer déterminants, le temps de pouvoir disposer d'un vaccin ad hoc. Mais les capacités mondiales de fabrication de vaccins, concentrées dans le monde industrialisé, sont notoirement insuffisantes: environ 300 millions de doses par an de vaccin contre la grippe saisonnière classique, correspondant à une capacité de 900 millions de doses de vaccins pandémiques, soit moins de 20% des besoins de la population mondiale, selon des économistes.

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